L’Ouverture solennelle 1812 en mi bémol majeur, op. 49 est une ouverture solennelle d’une quinzaine de minutes de Piotr Ilitch Tchaïkovski, composée entre septembre et novembre 1880 pour commémorer la victoire russe dans les guerres napoléoniennes.
Un peu d’Histoire :
La campagne de Russie est une campagne militaire menée par l’empereur Napoléon Ier désignant l’invasion française de la Russie en 1812. Les guerres napoléoniennes ont profondément marqué la culture russe. La campagne de Russie a aussi été relatée par Léon Tolstoï dans son célèbre roman historique Guerre et Paix.
L’Ouverture solennelle 1812 commence par le tropaire de la Croix, annonçant l’entrée en guerre de la Russie contre la France. Celui-ci est suivi de chants solennels évoquant la victoire pour la Russie. Ensuite vient le thème des armées en marche annoncé par les cors. La victoire française à la bataille de la Moskowa et la prise de Moscou sont représentées par l’hymne national français : La Marseillaise. Ensuite, deux thèmes issus de chants populaires russes annoncent les futurs revers de Napoléon. Un diminuendo représente la retraite de Napoléon hors de Moscou (octobre 1812). Arrivent enfin les coups de canon représentant l’avancée russe à travers les lignes françaises. Puis, les cloches et les salves de canon célèbrent la victoire de la Russie et la défaite française. Dieu sauve le tsar, l’hymne impérial russe, retentit alors, en opposition avec La Marseillaise entendue précédemment.
Quelques mots sur l’auteur :
Tchaïkovski (1840-1893) est un compositeur russe de l’époque romantique. Il incarne la figure dominante du romantisme russe du XIXe siècle. Il est notamment connu pour la composition des ballets Le Lac des cygnes (1877), et Casse-Noisette (1892).
Son œuvre est d’inspiration plus occidentale que celle de ses compatriotes contemporains, mais elle intègre des mélodies folkloriques nationales. Tchaïkovski compose dans tous les genres, mais c’est dans la musique d’orchestre comme les symphonies, les suites, et les concertos qu’il déploie toute sa science et donne la mesure de son sens mélodique inspiré.
Le rapport de Tchaikovski à cette oeuvre :
Tchaikovski écrivit l’Ouverture 1812 sur commande pour célébrer le jubilé d’argent de l’empereur russe Alexandre II lors de l’Exposition des arts et de l’industrie de 1881.
« Très bruyante et tonitruante, je l’ai écrite sans aucune chaleur ni sentiment d’amour, et par conséquent elle manquera sans doute de valeur artistique ».
Dans sa première réponse au commanditaire (lettre de juillet 1880) Tchaikovski explique qu’il a ce genre de commande en horreur absolue : « il est impossible d’écrire sans répugnance une musique destinée à glorifier, dans son essence, quelque chose qui ne me plaît en rien. Ni dans le jubilé d’une personne de haut rang (qui m’a toujours été plutôt antipathique), ni dans cette cathédrale que je n’aime pas non plus, se trouve quoi que ce soit qui pourrait éveiller mon inspiration. »
A sa bienfaitrice Nadejha von Meck, Tchaikovski écrit en septembre 1880 : « Il ne m’est rien de plus odieux que de composer pour des festivités ou autre. Imaginez, ma chère amie ! Que peut-on écrire, par exemple, pour une occasion telle que l’ouverture d’une exposition, hormis des banalités et des passages généralement bruyants ? »
Rapide point musical :
En musique classique, l’ouverture est une composition instrumentale, jouée le plus souvent au début d’un concert ou d’un opéra.
On entend de nombreux instruments :
- des bois : un piccolo, un cor anglais, des flûtes, hautbois, clarinettes et bassons
- des cuivres : un tuba, des cors, cornets, trompettes et trombones
- des percussions : des timbales, cymbales, cloches, une grosse caisse, un tambourin, un triangle, un tambour militaire, et un canon militaire
- des cordes : des violons, altos, violoncelles et contrebasses
Tchaikovski fait appel à 16 impressionnants coups de canons à la fin de l’oeuvre.
Mais les canons à cette époque étaient-ils assez précis pour pouvoir retentir à la fraction de seconde ? Probablement pas. Et encore moins les canons de 1812, qui retentissaient après plusieurs secondes d’incertitude, selon leur humeur, la longueur et l’humidité de la mèche.