Un article de Diana, étudiante roumaine cette année à Toulouse, et bénévole au Centre Culturel Espéranto quelques jours cet été.
De nos jours, on estime qu’il y a approximativement 3000 locuteurs d`espéranto en Roumanie. Les écrivains roumains les plus connus comme Eliade, Eminescu et Cărtărescu ont été traduits dans cette langue, utilisée notamment pendant la période communiste. Le premier dictionnaire espéranto-roumain est apparu en 1889.
Heinrich Fischer (1879-1960), un traducteur, éditeur et industriel hébreu, a appris l’espéranto en 1902. En 1904, il a initié les premiers cours d’espéranto et a mis en place le premier groupe d’espéranto en Roumanie. Il est aussi le fondateur et le président de la Société de l’Espéranto de Galaţi ( la première société de ce type en Roumanie). En 1910, il a reçu l’ordre de “l’Étoile de la Roumanie”.
Peu de roumains savent que de nombreuses personnalités du pays étaient espérantistes. La première sur la liste serait Carmen Sylva (le nom de plume de la reine Elizabeth de Roumanie). On pourrait aussi mentionner le cybernéticien Stephen Odobleja, les poètes Tudor Arghezi , Geo Bogza , Radu Tudoran et même Ana Aslan .
L’espéranto — l’arme secrète des roumains pendant la période communiste
À une époque où les Roumains vivaient dans la crainte que les Services Secrèts soient toujours sur leurs traces, ils ont utilisé l’espéranto, un langage code qu’ils appelaient “le langage des oiseaux”. L`espéranto était une langue que les communistes détestaient et a été perçu comme une sorte d’arme contre eux. L’espéranto a eu beaucoup d’ennemis en Roumanie. Même si Nicolae Ceausescu ne l’a pas interdit officiellement, il a limité l`accès aux associations espérantistes.
Marian Constantinescu, professeur d’espéranto à Bucarest, se rappelle de la période communiste. Il declare pour evz.ro que : “C’était difficile de donner des leçons sans avoir peur”, mais il a continué parce qu’il était fasciné par l’espéranto et par l’enthousiasme de ses éleves.
Les professeurs d`espéranto Michael Clover et Rodica Todor, enseignent à ceux qui sont attirés par l’exotisme de cette langue unique. Pour les deux enseignants, l’espéranto n’est pas une bizarrerie linguistique. C’est plutôt une histoire d’amour qui a commencé il y a quelques années.
“En 1972, j’étais enseignant à Sighet et a eu lieu un cours d’espéranto. J’ai réalisé tout de suite que ce cours était très intéressant pour moi et j’ai décidé d’apprendre l’espéranto. Puis j’ai assisté à plusieurs cours en Bulgarie, en Allemagne, en Islande. A Burgas, après des cours intensifs, j’ai obtenu mon permis d’enseigner l’espéranto” explique le professeur Michael Clover.
Rodica Todor, présidente du club Amikeco, qui était passée à Toulouse en 2012, dit : ” Pour les roumains, l`espéranto est très facile à apprendre. Si vous étudiez attentivement, vous pouvez lire et vous exprimer correctement en 4 mois. Être roumaine m’a beaucoup aidé, parce que 70% des racines de l’espéranto sont latines, 20% anglo-saxonnes et 10% slaves, grecques, etc.”
Grâce aux gens passionnés par l’espéranto et grâce aux bénévoles de l’Association Roumaine d’Espéranto, la langue et son histoire unique restent vivantes en Roumanie.
Références:
http://www.evz.ro/esperanto-limba-pasareasca-neinteleasa-de-securisti-890581.html
https://ro.wikipedia.org/wiki/Esperanto
Plus de liens en espéranto :
https://eo.wikipedia.org/w/index.php?title=Esperanto-movado_en_Rumanio&redirect=no