En Slovaquie et en Italie grâce au programme Erasmus+

Depuis presque un an, le Centre Culturel Espéranto (EKC) est engagé dans un projet KA1 Erasmus+, pour permettre d’augmenter les compétences de ses membres, notamment formateurs. Lorsqu’on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds souvent “formatrice en langues”, même si mes activités sont plus larges et variées, j’étais donc particulièrement intéressée pour participer activement au projet.

Comme beaucoup de formateurs, je me suis formée sur le tas en participant à des cours, formations, en observant les formateurs, en commençant à enseigner, en faisant pas mal d’erreurs mais en essayant de m’en servir pour m’améliorer. Mes premières expériences bénévoles d’enseignement ont eu lieu pour l’espéranto en 2009 même si j’ai surtout développé mes compétences en enseignant l’occitan comme salariée dans un centre de formation de 2011 à 2018. Depuis j’enseigne aussi régulièrement en ligne le FLE, le Français comme Langue étrangère en cours particulier.

En parallèle de cette activité professionnelle et rémunérée, j’ai continué régulièrement d’enseigner bénévolement l’espéranto dans le cadre de l’association INS’EO, créée avec Christophe, actuel président de notre association. J’ai pu ainsi guider des cours à Toulouse, lors de stages à Arrout ou au château de Grésillon. Mon public était presque toujours francophone et débutant, et ces expériences ont toutes eu lieu en France.

D’une première expérience internationale…

Sachant que les organisateurs de IJK cherchaient des enseignants pour proposer des cours de langues, en juillet 2019, j’ai proposé d’y participer dans le cadre du projet Erasmus+.

IJK, c’est le congrès international des jeunes espérantophones. Il a lieu chaque année dans un pays différent. J’y avais participé quelques jours en 2008 mais depuis je n’avais pas eu le temps d’y retourner, l’événement réunit chaque année plusieurs centaines de personnes venues du monde entier. En 2019, c’était donc dans la partie montagneuse de la Slovaquie, je ne connaissais pas la Slovaquie et j’adore la montagne !

Enseigner à des débutants dont la langue maternelle n’est pas la mienne, avec des niveaux hétérogènes, sans connaitre ni le nombre ni la provenance des élèves à l’avance était un défi pour moi mais tout s’est bien passé. J’ai pu testé mon matériel et certaines activités avec un groupe international, j’ai pu voir les petits manques et adapter au fur et à mesure les activités. L’avantage était que les élèves pouvaient utiliser la langue aussi entre le cours, dans le bain du congrès, donc les progrès étaient souvent spectaculaires. L’inconvénient était que quelques fois certains avaient du mal à se lever le matin (mais pourquoi donc !) et à venir à l’heure en cours.
J’ai été rassuré sur ma capacité à pouvoir gérer un groupe de débutants mal réveillés sans forcément de langue commune. Dans ces cas-là, la facilité de l’espéranto aide quand même beaucoup ! Les échanges avec Szabi, un formateur hongrois que je connaissais aussi d’un précédent projet Erasmus+ a été aussi très important, il s’occupait lui du niveau supérieur. Je lui ai envoyé certains élèves, on a pu discuter de nos difficultés, de notre matériel, de nos projets…Quelques profs ont assisté à mes cours, ils ont été intéressés par le matériel, nous en avons discuté, je leur ai envoyé des documents.

Je pense que ça beaucoup renforcé ma confiance en moi et que ça m’a encouragé à continuer de créer du contenu en espéranto, adapté et adaptable à différentes situations d’apprentissage.

L’expérience acquise me sert aussi aujourd’hui quand j’enseigne le français à des débutants. Comment donner des consignes simples, faciliter la communication et l’expression dès le début d’un apprentissage, aider l’apprenant à devenir autonome et à utiliser un dictionnaire ?

La richesse du programme et la variété des participants a été aussi très enrichissante et j’ai mis à profit beaucoup de moments informels. Pendant les repas, à la buvette, dans les espaces de repos extérieurs, on peut rencontrer plein de jeunes ou moins jeunes actifs du mouvement espérantophone, échanger sur plein de thèmes et collecter des idées et des contacts intéressants pour des projets actuels ou futurs de l’association. J’ai profité aussi de ma présence pour présenter notre programme de volontariat en service civique (video)
Au retour d’IJK, il a fallu préparer la rentrée associative, et l’arrivée de nouveaux volontaires, d’autres membres de l’association sont partis en mobilité. Tous et toutes sont revenus aussi enthousiastes que moi et l’esprit, l’envie de formations a soufflé sur notre activité locale. Nous avons proposé une formation sur la prise de décision pendant un stage weekend à Arrout, nous avons invité un formateur pour parler communication et marketing. Nous avons surtout construit un plan d’action stratégique pour les deux ans à venir, dont un des objectifs SMART concerne directement la formation…

… à la structuration d’une offre européenne de formations

La difficulté de trouver des formations de qualité dans le cadre de nos rencontres espérantophones, le manque d’un catalogue les recensant, nous avait pousser à faire l’idée était de mobiliser nos partenaires pour lancer une réflexion et une collaboration. La rencontre Bolonjeŭropiĝo serait le moment idéal !
Organisée par BEA, la rencontre des 8 et 9 février 2020 proposait une formation et des réunions dans la belle ville de Bologne, en Italie. Les participants étaient des acteurs majeurs de la formation en espéranto et des personnes très engagées dans des projets Erasmus+ via plusieurs organisations: BEA, Kosmo, BES, GEA, TEJO.

En journée, Magnus et Sacha ont brillamment mené une formation sur les différents types d’apprentissages et sur comment adapter nos formations à ces types. Les échanges, débats mouvants et modèles étaient tout à fait intéressants et pour beaucoup transposables à l’apprentissage des langues.



Le weekend, court mais intense a été aussi l’occasion de découvrir plusieurs projets de notre partenaire italien, BEA et de discuter de l’organisation de la rencontre de lancement du nouveau projet KA2 prévue à Toulouse, qui allait nous réunir pour la plupart à nouveau.
Lors d’une réunion sur les stratégies associatives à long terme, j’ai pu mieux appréhender les défis, les contraintes et les enjeux d’une offre de qualité de formations espérantophones et parler de nos besoins et de notre plan d’actions stratégiques. Nous avons esquissé des idées de projets communs à déposer, autour du développement associatif ou de l’enseignement en ligne.
Cerise sur la sauce bolognaise, le samedi soir en participant au débat public “langues : pont ou barrière”, aussi organisée par BEA, j’ai pu découvrir la situation linguistique et politique de la région Trentin Haut-Adige et le livre ” Tutta quella brava gente”

Après mon séjour à Bologne (je n’y suis pour rien!) le fameux virus se propage en Italie et malheureusement la rencontre de lancement du projet KA2 sera annulé quelques jours avant, la semaine de l’espéranto prévue au même moment à Toulouse et la rencontre de formateurs sera interrompue. Les activités associatives, tant bien que mal se déplacent en ligne mais beaucoup d’annulations vont s’enchainer.

Quelques jours plus tard, le stage Printempas au château de Grésillon va être annulé mais l’équipe de formateurs a décidé de proposer à la place un événement en ligne, PRK.

Les liens tissés entre les formateurs notamment grâce à d’autres projets Erasmus+ ont permis de nous lancer en confiance dans l’aventure de PRK et en moins d’un mois de coorganiser ces cours en ligne, et le programme culturel du soir.

D’ailleurs plusieurs toulousains ont eu l’occasion d’y participer. Dans la foulée, EKC a proposé un cours express en ligne pour débutants qu’ont suivi 4 personnes. Tout ça pour dire, que la dynamique s’est poursuivie malgré la crise sanitaire, ces essais de cours virtuels plutôt réussis ont renforcé le choix du projet esquissé à Bologne autour de la formation en ligne, car évidemment, il y a encore beaucoup à améliorer et la coordination et la collaboration internationale pourront aider. Prochaine expérience en ligne, cet été lors de SES ou nous ferons partie Christophe et moi de l’équipe des formateurs, sur une nouvelle plateforme mise en place par nos partenaires de E@i et récemment testée lors du Polyglot Gathering.

Conclusion : sans Erasmus+ ma vie ne serait pas si accomplie. 😉 Non j’exagère, mais c’est évident que sans le soutien de ce programme, je n’aurais pas eu personnellement l’idée ni les moyens de participer à ces deux rencontres et l’association n’aurait pu soutenir tous ces voyages et formations (parole de trésorière !). J’en suis reconnaissante et j’espère que d’autres pourront profiter à l’automne de ces opportunités de formation à l’étranger, pourront rencontrer nos partenaires, se former, former, inventer, participer à ces reflexions et nourrir notre association de ces reflexions… J’espère que grâce à ces mobilités, nous nous sentirons plus confiants et enthousiastes pour proposer plus de formations à l’avenir, et pas seulement des cours de langues ! Grâce à l’espéranto et notre association, chacun chacune pourra se former à plein de choses intéressantes et utiles et notre offre associative pourrait connaitre une nouvelle dimension !

Pour construire “le monde d’après”, pour penser et résoudre les problèmes qui touchent le monde entier, pour rouvrir les frontières et les esprits, favoriser la communication internationale, l’espéranto doit faire partie du scenario et nous avons notre rôle à jouer !

MARION

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