Le handpan, une innovation du 21ème siècle qui rend possible l’évasion sonore

Ca y est vous avez réussi à vous échapper de votre quotidien et à trouver un moment rien que pour vous, bravo ! Cela fait quelques semaines que le Centre Culturel Espéranto n’a pas publié de nouvel article sur son blog ! Ça vous a manqué, n’est-ce pas ?

Voilà donc quelques paragraphes qui portent sur un sujet qui m’anime et que peu connaissent: le handpan ! Handpan ? Ce terme paraît peut-être familier à certains mais inconnu à d’autres. Si ce concept ne vous rappelle rien pas de panique, vous en apprendrez plus à la lecture de cet article.

En réalité, vous en avez sûrement déjà vu un dans la rue au moins une fois, sans en connaître le nom. Il s’agit d’un instrument de musique en acier composé de 2 grosses coques soudées l’une dans l’autre, de la famille des percussions à la fois rythmique et mélodique. Cet instrument en forme de soucoupe volante peut produire plusieurs sons. Il se joue en position assise et se pose sur les genoux. Son nom d’origine « hangpan » provient d’un dialecte suisse avec hang qui signifie « main » et pan (casserole) mais ce terme a été rapidement anglicisé et on le retrouve plus sous cette forme : « handpan ».

Le handpan présente une valeur inestimable parce qu’il est d’une grande rareté. En effet, il n’est fabriqué que de manière artisanale, ce qui signifie que sa confection demande du temps. Par conséquent aujourd’hui, il est difficile de s’en procurer d’autant que les concepteurs de handpan sont très peu nombreux dans le monde. 

L’histoire :

Mais je suis sûre que vous vous demandez à ce stade de la lecture, mais le handpan, d’où ça vient ?

Alors voilà, le premier handpan a vu le jour en Suisse en 2006. Cet instrument est donc plutôt récent. Si le handpan connaît seulement depuis 2006 un succès toujours plus important, Félix Rohner son créateur travaillait déjà le métal depuis plusieurs années et avait créé l’ancêtre du handpan en 1976. Dans les années 1970, Félix s’était inspiré d’un mouvement de percussions, le « trinidadian steel drum »qui était très en vogue à cette période pour fonder son propre groupe de musique. C’est dans la lignée de ce mouvement tendance qu’il a fabriqué son premier instrument de style « steel drum » avec un groupe d’ami. Par la suite des groupes de steel drums se sont formés à travers le pays. Son acolyte Sabina a elle rejoint le mouvement du « steel drum » dans les années 1980.

Depuis 1976, Félix n’a jamais lâché sa passion pour le steel drum. Enseignant de profession, le travail du métal était et demeure encore son passe-temps.

Très vite, beaucoup se sont intéressés à cet instrument et le duo a été contraint d’en confectionner davantage.

Les étapes de fabrication :

Comme vous pouvez l’imaginer, cet instrument comprend quelques étapes de fabrication avant de pouvoir le poser sur ses genoux et se lancer dans l’improvisation !

La première étape consiste à fondre des morceaux de métal, à l’aide d’un outil qui ressemble à un chalumeau. Au cours de cette étape, les trous si caractéristiques de l’instrument sont creusés. La seconde consiste à sculpter et à tailler ces morceaux, en détail et avec précision. C’est cette 2ème étape qui requiert le plus d’attention et de minutie. En effet,  c’est à ce stade de la confection que les fabricants travaillent l’acoustique de l’instrument. Pour parvenir à une acoustique optimale, ils doivent sculpter le « handpan » à l’aide d’un marteau. Et ce n’est qu’après avoir frappé des centaines de fois le métal, que le son résonnera de façon harmonieuse.

La  3ème étape consiste à souder les 2 sphères avec un produit adapté au métal. Pour joindre les 2 coques, on utilise une colle spéciale pour le métal. Ensuite, les coques, une fois soudées sont polies au niveau des jointures pour retirer les excédents de colle, Enfin, les producteurs enduisent l’instrument d’une fine couche d’huile protectrice pour que l’instrument soit protégé contre les agressions extérieures. Les fabricants apportent à l’instrument à la fin, les dernières retouches, si elles semblent nécessaires pour rendre le son plus précis. Ce n’est qu’à ce moment que l’instrument peut être utilisé.

Témoignage :

En plus des témoignages de joueurs de handpan que j’ai recueillis lors de mes recherches, j’ai eu l’opportunité lors de la rencontre franco-allemande des jeunes espérantistes KEKSO à Kirkel dans la Saar, d’interroger une participante de 22 ans qui avait apporté son instrument.

Devinez de quel instrument il s’agissait ? D’un handpan bien sûr ! J’ai donc sauté sur l’occasion pour lui poser des questions sur son rapport à l’instrument et sur son expérience avec celui-ci. Vous entendrez probablement son témoignage que l’équipe d’EKC passera lors de l’émission, dans quelques semaines.

Lulu pendant KEKSO à Kirkel

Anecdotes :

Il y en a 2 qui me paraissent intéressantes à relever. La première nécessite une petite remise en contexte. Rappelez-vous que Zamenhof expliquait à propos de l’espéranto,qu’il s’agissait d’un moyen de communication qui n’appartenait à aucun peuple ni à aucune culture. Eh bien, sachez que les objectifs visés dans la pratique du handpan sont similaires aux objectifs que visait Zamenhof avec sa langue.

Voilà une citation d’un joueur de handpan qui devrait vous éclairer :

« Ça (la pratique du handpan) dépasse le sexe, la taille, l’âge, les couleurs, l’éducation(…) un piano, une trompette, un conga, il y aura déjà une appartenance » (Steve Shehan, percussionniste américain)

A travers ce témoignage, on comprend que le handpan est à l’instrument ce que l’espéranto est à la langue.

Pour la seconde anecdote, les habitants de la région Occitanie y seront particulièrement sensible. Figurez-vous que le premier magasin à avoir proposé des handpans à la vente en France se trouve à Toulouse, chez Jolijaba. Sacré coïncidence, n’est-ce pas ?

Vision des personnes qui pratiquent :

Les handpaneurs défendent une vision particulière du modèle économique. La plupart rejettent le modèle capitaliste dans lequel nous vivons. Par conséquent, ils n’ont pas l’attention de faire du handpan un objet rentable, ni de faire de cet instrument l’objet d’un véritable marché. Selon eux, cet instrument devrait toujours être un don, provoquer un moment de partage et aucun ne devrait avoir à y engager des frais.

Le handpan est donc une percussion en métal envoûtante et récente, qui invite chacun et chacune à la rêverie. Il a la faculté d’être un instrument très intuitif, ce qui signifie que aucun joueur ne se l’appropriera de la même façon. C’est la raison pour laquelle il est très adapté à l’improvisation. Ses sons sont si particuliers avec une dimension quasiment mystiques qu’ils nous invitent à laisser notre esprit vagabonder et s’apprête parfaitement à la pratique de la méditation.

Si ces quelques lignes ont éveillé votre curiosité, à tel point que vous souhaiteriez approfondir le sujet, je vous invite pour commencer à aller écouter des morceaux de hand-pan, auxquels vous aurez accès en cliquant sur les liens ci-dessous. Cette liste est non exhaustive.

Bon découverte !

https://open.spotify.com/playlist/7hd9M5KTjV8Zn1sVkVd5Y8?si=72c3234370914867

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