En novembre, le centre culturel d’Espéranto de Toulouse a pris part à l’Esperanto-Sumoo. Pour cela, nous avons ouvert un salon vocal Discord sur notre serveur, et avons proposé aux participants qui le souhaitaient de se rencontrer afin de discuter de leurs livres et de s’encourager.
Qu’est ce que l’Esperanto-Sumoo?
Bien sûr, il est impossible de faire de la lutte en ligne, et ça tombe bien car nous n’avons pas lutté. Nous avons lu.
L’Esperanto-Sumoo a été inventé pour que les espérantistes lisent des livres d’espéranto. À l’époque où les gros lutteurs de sumo luttent au Japon, nous, les espérantistes, lisons des livres d’espéranto. Avant l’événement, nous choisissons un livre à lire et décidons du nombre de pages que nous lirons chaque jour. Si nous accomplissons notre tâche quotidienne, nous obtenons une victoire. De cette façon, nous luttons pendant 15 jours. Les lutteurs de sumo au Japon se battent contre d’autres lutteurs, mais nous les espérantistes ne combattons que les faiblesses de notre propre personnalité.
Témoignages
Ines :
« J’ai décidé de lire Lasu min paroli plu de Claude Piron. Ce livre complète le fameux manuel Gerda malaperis, et on peut y trouver 30 courtes histoires. Parce que je ne suis plus une débutante, pour moi, la lecture était trop facile, et peut-être un peu ennuyante, et je n’ai pas finie la lecture. Devrais-je être plus ambitieuse la prochaine fois ? Peut-être, mais je conseille vraiment ce livre aux débutants, car les histoires sont courtes et donc nous récompensent, de plus les histoires sont agréables à lire. »
Marion :
« J’ai décidé de lire Hodler in Mostar de Spomenka Štimec parce que j’adorais son livre Ombro al interna pejzaĝo, que j’ai lu il y a 10 ans. Il n’est pas trop épais et contient trente courts chapitres. J’ai redécouvert le style magnifique de l’auteur croate. L’histoire suit les traces d’un modèle de Ferdinand Hodler, Jeanne, de la Suisse à la Bosnie, en passant par les États-Unis et le Canada, de la fin du XIXe siècle à la Seconde Guerre mondiale. L’auteur décrit bien les sentiments et réflexions intimes des personnages mais aussi l’atmosphère des différents lieux où vécut Jeanne. Il y a quelques mentions du célèbre espérantiste Hector Hodler, le fils de Ferdinand, ainsi que d’autres événements historiques intéressants. J’ai particulièrement aimé les régions de Bosnie et de Mostar où j’ai déjà voyagé plusieurs fois. Je n’ai pas aimé qu’il y ait quelques fautes de frappe dans le livre, il faudrait republier ce beau travail un jour ! »
Leïla M :
« J’ai aimé le défi, même si je ne l’ai pas terminé ! Je ne suis pas très compétitrice, j’aime juste trouver une impulsion pour les choses, me donner des objectifs (je suis adepte des « to-do list »). C’est pourquoi je pense que l’inscription au concours officiel peut être galvanisant pour ceux qui aiment la compétition, sinon c’est une bonne occasion de commencer un projet personnel. Je n’ai pas réussi à lire un peu tous les jours, simplement parce que je n’ai jamais travaillé comme ça. Tous les 3/4 jours, j’ai lu dix pages pour rattraper. Au final, je ne l’ai pas senti comme du retard, je ne me suis pas pressée. La construction en fable de mon livre m’a aidée à intégrer le vocabulaire et la grammaire car les fables sont rythmées par des motifs se répétant. Cela donne du rythme à la lecture, ravive la mémoire et donne une sensation de progression satisfaisante, chaque motif variant davantage à chaque apparition. Ce genre d’histoire pour enfants est parfait pour les apprenants ! »
Leila H :
« J’étais contente de participer au Sumoo ! C’était un gros défi pour moi car j’avais le livre depuis quelques mois et je ne l’avais jamais lu. J’ai choisi Tintin le Temple du Soleil car j’aime les bandes dessinées ! J’ai aimé le livre mais parfois, pour comprendre certains passages, lire les livres précédents était nécessaire. Honnêtement, je ne lisais pas tous les jours, simplement parce que je lisais quand je le voulais, certains jours je lisais 30 pages, et parfois 0 page. En lisant ce livre, j’ai appris de nouveaux mots en espéranto. Parfois, j’essayais de le deviner, mais parfois mon ami le dictionnaire m’aidait ! »
Tanneguy :
« J’ai décidé de lire Paĉjo, kio estas rasismo? de Tahar Ben Jelloun. Il s’agit d’une traduction du français. C’est un petit livre de 52 pages. J’ai beaucoup aimé ce livre, il est facile à lire (même si j’avais souvent besoin de mon dictionnaire d’espéranto). Il raconte un dialogue entre Tahar Ben Jelloun et sa fille sur le racisme. L’auteur prend le temps d’expliquer des mots inconnus et des concepts inconnus de son enfant. Je pense que c’est un bon livre pour les débutants, car il y a souvent des pauses et les concepts ne sont pas trop complexes, je le recommande à tout le monde. »
Jonathan :
« J’ai participé au Esperanto-Sumoo avec mes collègues de Toulouse, en lisant un livre retraçant l’histoire du mouvement espérantiste, Sed homoj kun homoj, de Ziko Marcus Sikosek. Il traite des 100 premiers Congrès Mondiaux d’Espéranto depuis le premier en 1905. J’y ai trouvé un grand nombre d’anecdotes intéressantes. Je recommande ce livre à ceux qui s’intéressent au mouvement espérantiste. »
Ugo :
« Dans le cadre du challenge Sumoo, j’ai lu le livre: Manifesto de la Sennaciistoj écrit par Eugène Lanti. Le livre était vraiment intéressant et instructif. Comme le titre l’indique, il présente l’anationalisme. Ce « isme » est essentiellement lié à l’espéranto, et il reprend plusieurs idées d’anarchisme. Je pense que tout espérantiste actif dans notre mouvement, et intéressé par ses relations avec d’autres cultures, devrait lire ce livre ou au moins être informé de cette façon de penser. Il essaie d’expliquer comment et pourquoi nous devrions procéder à une déconstruction mondiale des nations, à travers une lutte de classe organisée par tous les travailleurs du monde. Ce que j’ai trouvé vraiment intéressant, c’est le fait qu’il opposait cet anationalisme à l’internationalisme. L’internationalisme est, à mon avis, l’opinion la plus répandue dans tout l’Espérantie : c’est le désir de voir tous les peuples égaux, représentés de manière égale, sans aucune répression ni oppression.
Je pense que la plupart des gens qui apprennent l’espéranto sont plus proches de cette idée, mais lire sa définition dans un livre et l’opposer à d’autres idées aide à réaliser et à réfléchir sur cette exigence fondamentale impensée.
Lanti et l’anationalisme ne m’ont pas convaincu du tout, mais ils m’ont aidé à commencer à réfléchir à l’internationalisme, à la culture internationale, à la solidarité ouvrière à travers l’espéranto, et je les en remercie. »
Françoise:
« Dans le cadre de l’événement Espéranto-Sumoo, en novembre, j’ai lu le livre La viro el la pasinteco de Julian Modest (Georgi Millhalkov). Cet auteur bulgare est né à Sofia en 1952. Il a commencé à apprendre l’espéranto en 1973 à l’université. Puis il a vécu à Budapest où il était membre de l’Association des jeunes écrivains hongrois. Ce livre, publié en 2017, contient 23 nouvelles originales écrites en espéranto. Le titre du recueil est celui de la première nouvelle. Je n’ai pas l’habitude de lire des nouvelles en français, parfois en espagnol et en espéranto. J’ai trouvé la lecture très intéressante et agréable parce que :
Premièrement, c’était facile à lire car toutes les phrases sont courtes mais néanmoins précises avec un vocabulaire riche. Deuxièmement, j’ai été impressionnée par le style de l’auteur et sa maîtrise de la narration car chaque nouvelle est très courte (3 ou 4 pages de plus, maximum 7) mais le lecteur est très vite impliqué dans l’histoire, dans le contexte, dans la vie des protagonistes et dans l’intrigue. Troisièmement, j’ai aussi aimé les thèmes de toutes les histoires qui sont très divers. Plusieurs d’entre elles ont pour sujet des personnages, souvent des jeunes, qui n’ont pas une vie facile ou qui se retrouvent dans des situations compliquées, dramatiques ou surprenantes. Les rêves, l’espoir, l’amour, cohabitent souvent dans les histoires. Pour toutes ces raisons, je recommande ce livre. »