Art-icle : La Belle Verte (1996)

Il m’a été très difficile de choisir une œuvre en particulier, tellement notre monde est riche d’excellentes créations, films, livres, peintures, sculptures ou musiques. Beaucoup ont pu ou continuent de m’émouvoir ou de me donner matière à réfléchir…Mais aujourd’hui j’ai choisi de vous parler d’un film qui peut résonner fortement, je pense, dans cette période spéciale. Il a été réalisé par Coline Serreau, en 1996, et son titre est « La Belle Verte ».

Sur la planète Belle Verte, tout n’est qu’harmonie, luxe, calme et volupté. Les diverses tribus familiales consacrent leurs matinées aux jeux du corps et de l’esprit, leurs après-midi aux récoltes, leurs soirées aux concerts de silence. Une fois par an, en haut d’une montagne, elles se retrouvent, échangent leurs productions et se téléportent sur d’autres planètes pour y recueillir les dernières nouvelles. Mais depuis 200 ans personne n’est allé sur la Terre, qui n’est pas appréciée. Mila, finalement, se sacrifie. Et c’est ainsi que les Terriens la voient atterrir en plein Paris. Elle découvre un monde effarant.

L’auteur de ce film, Coline Serreau, déclarait à sa sortie qu’elle avait réalisé son film le plus personnel. Elle expliquait qu’elle était habitée par une forte intuition, celle de la possibilité d’un monde différent, qui prônait la beauté, la connexion à la nature, un désir d’authenticité. Ce monde allait advenir, l’humanité tendrait immanquablement vers ce point. Le film n’est pas uniquement axé sur l’écologie mais aborde divers thèmes tels que la naissance, le féminisme, l’humanisme, le pacifisme etc… Il a d’abord connu un échec important mais son succès tardif a conforté Coline Serreau sur la pertinence de son message, à savoir les enjeux écologiques et les problèmes que posent notre déconnexion à la nature et les aberrations de nos modes de vie.

L’auteur de ce film, Coline Serreau, déclarait à
sa sortie qu’elle avait réalisé son film le plus personnel.

Bien que paraissant au premier abord très fantaisiste, naïf ou utopique, ce film s’inscrit complètement dans l’actualité et envoie un message très profond et réaliste sur notre société et notre façon de vivre. C’est une histoire qui redonne de l’espoir pour le futur de notre Terre. Elle essaye de nous rappeler le pourquoi et l’importance de notre présence ici. L’humanité a eu la chance d’avoir la Terre pour l’accueillir, mais il nous est nécessaire de nous demander si nous ne sommes pas entrain de la gâcher. J’aimerais aussi associer ce film à un autre, plus ancien, où l’on entend :

« On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste »

Telle était la devise de Gébé dans “L’An 01”, réalisé en 1973 par Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch. Et bien oui, ce temps appelé “confinement”, que l’on avait encore jamais vécu, où tout s’est arrêté subitement, n’est-ce pas le moment de réfléchir, non pas de rêver, mais de construire un autre monde, moins inégalitaire, moins polluant… plus éthique et plus durable. Peut-être comme le disait récemment Bruno Latour dans un interview :

« En nous posant ce genre de questions, chacun d’entre nous se met à imaginer des gestes barrières mais pas seulement contre le virus : contre chaque élément d’un mode de production dont nous ne souhaitons pas la reprise. »

En attendant, je vous invite à découvrir ces films, si vous ne les connaissez pas, si vous avez le temps !

Françoise ERIKSEN

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